La pornographie à la télévision, c’est vrai... y’en a trop.
Il paraît que le film X du samedi soir sur Canal+ pertube beaucoup nos enfants. D’après notre gouvernement de la gôche moraliste, c’est à cause de la pornographie télévisée que les ch’tits n’enfants de huit ans s’y mettent à quatre pour violer (en réunion, que ça s’appelle) les ch’tites filles de neuf ans.
Il me semble que, sur les quelques 400 « agressions sexuelles » recensées dans les écoles cette année, beaucoup auraient été qualifiées, de mon temps, de touche-pipi et de jouer au docteur.
Mais là n’est pas le problème.
Le fait est qu’il y a énormément de pornographie à la télévision, que c’est choquant pour nos gamins, et que ça c’est pas bien.
Tiens, encore hier, nos écrans débordaient de pornographie dégueulasse écoeurante ignoble : en gros, ça disait « nous allons mener une guerre propre pour éviter une guerre sale ». Mais merde, faut pas montrer des choses pareilles aux enfants !
Ca nous arrive quelques mois après ce débat aberrant autour des mines anti-personnelles : « les mines, c’est pas bien, ça tue des civils, ça mutile des enfants, ça s’attaque aux innocents, c’est de la guerre pas bien, c’est de la guerre sale ». Du coup, nous nous sommes engagés à ne plus utiliser ces cochoncetés de mines.
Ca nous pendait donc au nez : puisque nous n’avons plus d’armes sales, nous allons pouvoir nous livrer sans restrictions à notre passe-temps favori : la guerre propre.
Ainsi, hier, nous sommes entrés en guerre. Nos politiques et nos médias se succèdent pour nous expliquer clairement que ça sera une belle guerre, pas sale, pas moche, sans mines et sans soldats à pied (qui ont une tendance naturelle à faire la guerre comme des cochons). La preuve, pour pas salir nos âmes sensibles, on ne nous montre carrément rien.
D’un côté, il y a l’histoire, la nôtre à tous, celle du vingtième siècle : les gazés, les gueules cassées, les estropiés, les morts de la Première, les millions de morts de la Deuxième, les tortures par-ci, les massacres par-là. De l’autre côté, il y a la pornographie, le spectacle embelli et mensonger de la réalité, une pornographie qu’on livre aux enfants pour les envoyer à la boucherie : le fleur au fusil de la Première, la Blitz de la Deuxième, la pacification en Algérie, la normalisation par-ci et le maintien de la paix par-là.
La guerre propre fait partie de cette pornographie : la guerre s’attaque d’abord aux civils (parce que les militaires coûtent trop chers pour qu’ils se tuent entre eux), elle est conçue pour mutiler les enfants, massacrer les innocents, annihiler l’ennemi, en commençant par les femmes et les enfants (car ils représentent les futures générations). A coup d’avions furtifs, de missiles de croisière ou de bombardements chirurgicaux, la guerre est toujours aussi sale, avec ou sans les mines. On nous ferait presque oublier qu’on fait la guerre pour tuer, quand même !
Depuis hier, on a donc diffusé à nos enfants des images pornographiques d’une rare efficacité : le mensonge de la guerre propre, moderne et juste. Une guerre propre n’est rien d’autre qu’une guerre sale avec un bon alibi.
« Donne-moi une bonne raison pour tuer cet homme, et je le ferai », c’est de la pornographie et rien d’autre.
Je ne sais pas si on « devait » faire cette guerre ou non, si c’est moins pire que si on laissait faire ; personne ne m’a encore réellement convaincu. Je préfère être honnête : sur cette opération, ma religion n’est pas faite. Mais si on fait la guerre, qu’on le dise : quand on baise, on ne raconte pas après que les enfants naissent dans les choux ; quand on fait la guerre, on ne raconte pas que c’est propre. C’est crade, c’est sale : c’est bien cela qu’il faut dire aux enfants...
On y va pour flinguer, il y aura des enfants tués, des vieux mourrant d’épuisement sur le bord des routes, des malades morts de froid, des représailles sur les civils, d’anonymes et obscènes « dégâts collatéraux »... ce sera répugnant, nous serons des assassins, nous tuerons et nous provoquerons des tueries, et il faut l’expliquer aux enfants. Le cynisme, la pornographie, la violence, ce serait de prétendre le contraire.
Je pense que le monde a atteint un point de non retour à ce niveau. Les mines personnelles, tout un chacun connait qui les fabrique. Mais personne ne peut identifier avec précision les différents vecteurs des films pornographiques. Si avec des vidéos amateurs, un simple vebcam, un appareil photo numérique, on peut produire des images, il sera difficile à une autorité quelconque de faire respecter les règles déontologiques les plus élémentaires. Et disons le clairement, ce sacro-saint principe de la liberté individuelle interdit toute action répressive.Les décideurs doivent l’assumer.A mon avis, le problème porte beaucoup plus sur l’éducation des enfants qu’autre chose. Sommes nous capables d’inculquer les principes de base d’un bon comportement à nos enfants ? Peut-on les protéger contre les agressions de la rue, de l’école (un creuser où l’on apprend pas mal de mauvaises choses compte tenu de la diversité) ?
Il me semble que, sur les quelques 400 « agressions sexuelles » recensées dans les écoles cette année, beaucoup auraient été qualifiées, de mon temps, de touche-pipi et de jouer au docteur.
EUH, Arno autant j’apprecies votre travail habituellmeent autant la je trouve un peu precipité cette remarque d’autant plus que je me souviens de certains de ces touches pipis de notre epoque et la limite etait deja la : quand trois gars bousculent une gamine dans un coin du foyer pour toucher sa chatte : c’est pas deja trop pour toi ? Quand aux realités actuelles, aucun rapport avec la pornographie mais bien sur, je ne suis pas de cette vague morale, dans la limite du consentement bien sur (etre toxico ou sous influence te permet-il de decider en toutes conscience...ca c’est une autre question). PAr contre que penser de cette conversation entendue dans un bus de ma verte province : "... hier quand t’etais avec I. pourquoi tu nous as pas apelle, t’avais dit que tu nous la pretais
Oui mais elle voulait pas
oui mais t’avais dit..."
J’ajouterai que la pornographie à la télévision est mauvaise pour les ados, adultes, vieux et tout le monde. Celui qui se livre à regarder de telles pratiques les approuvent.
David 21 ans