L’optimisme est dans l’air du temps et la langue de Jospin est en peau de skaï véritable.
Demain, youpi tralala, c’est la reprise ! Tous les experts clignotent au vert, ils nous font toucher du doigt que la croissance est à portée de la main, tandis que nous foulons du pied le chemin lumineux qui mène vers la verte vallée des lendemains qui chantent. Nous allons sortir du creux de la vague où surfent les vaches maigres, car point à l’horizon le soleil radieux du bout du tunnel. D’endémique le chômage deviendra résiduel, de systémique la crise deviendra un mauvais souvenir.
Demain sera mieux qu’aujourd’hui.
Demain les impôts seront gratuits, et les déficits anéantis par une vague d’allégresse. Demain les pauvres seront riches, nous jouirons sans entraves, nous toucherons les dividendes de nos sacrifices passés. Demain nous serons payés en stock-options et retraités en fonds de pension à la française. Demain les CRS manifesteront de notre côté. Demain les nouvelles technologies seront encore plus nouvelles et les biotechnologies encore plus bios.
Demain nous répondrons « présent » au rendez-vous de la croissance.
Demain nous serons champions du monde tous les ans, nous communierons sous l’éclipse tous les mois, et ce sera le réveillon du millénaire tous les soirs.
Certes, « demain » ne sera pas le jour qui suit aujourd’hui. « Demain », ce sera avant la fin de l’année ou dans dix ans. « Demain » ne sera pas non plus partout en même temps pour tout le monde.
Ca risque même d’être un peu plus compliqué que ça. Aujourd’hui, ce sont les derniers sacrifices pour que demain vienne la reprise. Demain, donc, la reprise : c’est-à-dire les sacrifices pour « accompagner » la reprise, pour provoquer le retour de la croissance (est-elle jamais venue ?). Après-demain, la croissance, youpi ! Pas si vite : encore de tous derniers sacrifices pour « soutenir » la croissance. Alors après-après-demain, enfin nous toucherons les fruits de la croissance ? Ouh-là pas si vite, comme vous y allez, on va droit dans le mur de l’inflation ! C’est clair, si nous ne faisons pas des sacrifices après-après-demain, nous risquons d’« hypothéquer » la croissance des lendemains qui suivent (bande d’irresponsables !).
Mais une chose est certaine : demain est devant nous, il suffit de maintenir le cap.
Demain, Jospin rase gratis.
NTIC ET PUCES.
Donner accès aux nouvelles (sic) technologies au plus grand nombre. Certes.
Bouchons le fossé numérique et résorbons la fracture sociale. Mais ça ne consiste pas simplement à
mettre les gens devant un ordinateur connecté à internet avec le sentiment de la mission accomplie.
L’Etat définit, au travers des collectivités territoriales, des lignes budgétaires pour équiper les entreprises et les associations en matériel informatique. De politique à long terme, point. Le matos suffira.
On achéte un ordinateur pour internet comme on achetait, à une certaine époque, des minitels.
Il s’agit, en fait, d’éduquer numériquement les gens et de leur apprendre la maitrise des divers outils internet, de développer leur esprit critique comme le signalait dès 98, Pierre Lazuly.
Il faut leur apprendre ce qu’est le réseau, non pas uniquement au travers de la description schématique qui en est faite. La maitrise de cette outil doit offrir le brevet de Citoyen pas celui de Consommateur ("Internet permet la libre circulation des idées", il y a, comme le faisait remarquer
un journaliste du Canard Enchainé, deux mots dangereux dans cette phrase).
"Il faudra créer des "internautes publics" comme il existe des écrivains publics" préconise Monsieur Michel Hervé ("La croix", janvier 2000), Maire et président du district de Parthenay (référence en matière d’intranet urbain). Je suis, moi même, sensible à la création d’un outil public. Mais je ne suis pas certain qu’une vraie volonté politique existe dans ce domaine et comme le fait remarquer Monsieur Bertrand du Marais ("La croix", avril 2000), Maitre de conférence à Paris,"[...]les potentialités d’une révolution citoyenne ouvertes par le Net risquent de demeurer inutilisées".
(c.f., pour exemple : le problème des Francopholistes)