Le Scarabée aime les Jeux OlympiqueTM... à sa façon.
A la demande générale, voici un édito sur les Jeux OlympiquesTM (si, si, vous avez
été nombreux - 2 - à exiger un papier là-dessus). Autant vous prévenir tout de suite,
je vais être d’une mauvaise foi comme rarement et je suis, sur le sujet, très mauvais
juge : je me suis mis au sport la semaine dernière (par esprit olympique, je quitte
l’ascenseur prématurément et grimpe le dernier étage à pied).
Il est de bon ton, sur le Net, de dénigrer les JeuxTM (voir l’article joyeusement haineux
des Ours) ; le Scarabée, qui aime bien tout faire comme tout le monde, va donc ici
se joindre à la meute et hurler avec les loups. Point par point et dans l’ordre du
comme-ça-me-vient.
Bien plus que toute autre compétition sportive, les J.O. symbolisent le culte du
corps. A priori rien à reprocher à cela. Pourtant... Inventés par les grecs antiques,
les premiers JeuxTM font l’apologie d’un corps de guerrier, dont le plus bel exemple
est le spartiate. Gloire donc à Sparte, sa discipline de fer, son bon esprit guerrier
et sa sélection naturelle (« Chéri, j’ai fait tomber bébé du haut de la falaise ! »).
Réintroduits par un Pierre de Coubertin bien facho (comme on l’aime à l’oublier),
les JeuxTM modernes sont conçus pour exalter la supériorité de l’athlète blanc de blanc. Pas
étonnant que les JeuxTM n’aient eu aucun remords à aller se compromettre à Berlin
en 1936.
Le culte du corps, aux J.O. comme dans la pub, ça finit toujours en une exaltation
d’un homme supérieur, parfait, par un rejet de la différence et du défaut physique :
« Je préfère mourir que finir dans une chaise roulante » ou « Je préfère avorter si
mon bébé a un bec de lièvre ».
Belle connerie ! Belle idée, mais belle connerie ! Les ricains boycottent les JeuxTM
de Moscou (1980), puis les russes ceux de Los Angeles (1984), les palestiniens massacrent
les athlètes israéliens à Munich (1972). Ouais, ça doit être ça, la trêve olympique .
Rappelez-vous (cherchez bien, c’est vieux, tout ça), les athlètes sont censés être
amateurs. C’est même un des fondements de l’olympisme . Plus maintenant.
Et puis, l’organisation confiée aux plus grosses multinationales américaines, ça fait
des dégâts. Si l’on se plaint de l’organisation, c’est parce que les grosses boîtes
emploient des bénévoles sous-payés, sous-formés pour augmenter leurs bénéfices. Ce
sont les Jeux OlympiquesTM ou une ode à l’ultra-libéralisme ? Décidément, ces JeuxTM puent
le fric.
Le bon esprit, ça doit être, sans doute, l’exaltation du nationalisme et du chauvinisme.
L’occasion d’apprendre que les japonais sont « vraiment très petits », les russes « vraiment
très pauvres », les noirs « vraiment très noirs ». Inutile pour un étranger de faire une extraordinaire performance si, le même jour, un français remporte une médaille
de bronze, ça n’intéresse personne (en France).
Les sportifs exemples pour la jeunesse ? J’espère bien que non ! C’est sans doute
une question de goût, mais j’espère bien que ma fille (c’est une hypothèse, je ne
me suis pas encore reproduit) ne deviendra pas lanceuse de poids, ni mon fils haltérophile.
Et peux-t-on vraiment souhaiter à ses enfants les souffrances et les déformations
physiques imposées par le sport de haut niveau qui n’est pas, loin s’en faut, bon
pour la santé ?
Mais surtout, faut-il réellement se réjouir de l’exemple de ces mutants stéréoïdés-anabolisés ?
Car c’est de notoriété publique, même si notre ministre des sports fait son maximum
(plus haut, plus vite...) pour faire taire les mauvaises langues, les superbes performances sont le fruit des petites pilules magiques, des dopes et drogues qui
font courir sans douleur. Bel exemple pour la jeunesse. Bob Marley, Jimy Hendrix
et Janice Joplin auraient dû s’inscrire aux JeuxTM !
(Attention, l’argument qui suit n’est vraiment pas défendable !)
C’est fête : la France a fait le plein de médailles ! Faut-il vraiment s’en réjouir ?
Non. Un pays qui gagne aux JeuxTM est un pays dans lequel l’ascenseur social est
en panne, où le seul espoir pour les pauvres et les noirs de s’en sortir est le sport.
L’illustration parfaite, ce sont, bien sûr, les Etats-Unis. Le black qui réussit, c’est
celui qui fait de la boxe, du basket ou du football.
Voilà, j’espère que ces arguments, tous plus fallacieux les uns que les autres, ne
vous auront pas convaincus, parce que, quand même, les Jeux OlympiquesTM, c’est vachement
beau !