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Perturbations à la RATP en raison d'une attaque démago

par ARNO*
mise en ligne : 17 mars 2004
 

PARIS (Reuters) - Le trafic a été très perturbé mercredi matin dans le métro parisien en raison de la découverte de colis suspects appelant l’intervention d’équipes de démineurs, a-t-on appris auprès de la RATP.

Le trafic a été interrompu sur la ligne B du RER entre 07h35 et 08h57 locales à la station Gare du Nord, provoquant également quelques retards sur le trafic banlieue de la SNCF. Sur la ligne 1 sur métro, la découverte d’un paquet suspect à la station Châtelet a engendré une interruption du trafic entre 07h50 et 08h17, a-t-on appris de même source.

Témoignage de moi-même recueilli sur le vif.

Hier en fin d’après-midi (mardi soir, pas mercredi matin), je me suis rendu à mon cours hebdomadaire de danse latine mais classieuse quoique pratiquée dans les bordels de Buenos Aires, place Blanche. Pour ceux qui se demandent, c’est mon ami Raoul Bilbao qui m’a initié à cette pratique consistant à mouvoir son corps dans l’espace d’une manière extrêmement féline pour séduire des argentines vénales.

Dans les stations, annonces systématiques : « soyez vigilants, signalez tout colis suspect », le truc qui indique qu’il y a un risque même quand il n’y en a pas (même phénomène qu’avant les présidentielles, avec les annonces « des pickpockets sévissent dans cette station » balancées à répétition et sans aucun fondement).

Selon les normes de Vigipirate, toutes les poubelles sont condamnées ou retirées. Mêmes les hideux sacs en plastique verdâtre transparents sont supprimés (vous savez, avec « Vigilance Propreté » marqué dessus ; j’en conclus, pas assez vigilantes, ces poubelles qui exposent aux passants la qualité de nos ordures, avec les mouchoirs maculés collés au sac et plein de trucs visqueux qui glissent le long du plastoc). Partout, amoncellements de détritus posés sur les poubelles, au pied des poubelles, autour des poubelles - geste admirable de civisme, d’ailleurs, que de s’emmerder à jeter ses ordures à proximité d’une poubelle fermée -, ordures répandues partout par le passage des usagers. Avec ma partenaire de danse de vieux, on reste debouts, parce que vous la ferez pas s’assoir à proximité d’une décharge sauvage.

Bref ça n’a pas raté, au retour, fortes perturbations et troupeaux de flics : quitté le cours à 22h15, arrivé chez moi à 23h45 (d’habitude, de Blanche à Issy, c’est long, m’enfin pas tant que ça - quand ça arrive, normalement, c’est parce qu’on a été pris en otage par les syndicats). Poireauté à tous les changements. Là, curieusement, aucune annonce vocale pour expliquer pourquoi on se fait chier sur un quai bondé la nuit. Uniquement à Gare du Nord, un des moniteurs d’info indique laconiquement « Traffic perturbé, colis suspect sur le RER C ». Rien n’explique pourquoi ce sont tous les métros qui sont perturbés parce qu’on a trouvé un colis sur le RER C.

Ah, les flics... J’ai pas croisé de trouffions en Famas, m’enfin d’habitude y’en a (dans les gares et les aéroports). Impression évidemment terrifiante, façon état de siège. Sauf que j’ai jamais pigé à quoi servait le fusil-mitrailleur pour lutter contre les colis piégés : s’ils trouvent un paquet suspect, ils tirent dessus ? En revanche, hier, troupeaux de flicaillons de base. (Selon l’adage de Coluche, ça indique que dans le métro on ne risque rien : « Les gens croient que là où il y a des policiers, c’est plus sûr. Ben forcément, les flics, ils sont comme tout le monde : ils vont pas là où c’est dangereux. ») Histoire de faire sérieux, ils se baladent en bande (et là, pas la bande de trois-quatre comme d’hab, mais des bons paquetons de dix à chaque fois). Ce qui introduit la question : combien de flics sont nécessaires pour repérer un paquet suspect dans une station de métro ? Est-il plus efficace que les flics soient hyper-voyants, regroupés et en uniforme, pour intercepter les terroristes ? Je ne vois qu’une seule explication : ce sont des groupes d’intervention suicide : si on repère un coli suspect, ils se jettent tous dessus pour absorber, grâce au rempart que représente l’amoncellement de leurs corps, le souffle de l’explosion, sauvant ainsi la vie des citoyens alentour.

Quant aux flics en voiture, en ce moment ils s’amusent comme des petits fous. Je passe mon temps, le soir, à voir passer devant chez moi des bagnoles de flics avec les gyrophares en train de faire des dérapages à fond les ballons. Comme vous devez le savoir, cette partie de la banlieue, entre Issy les Moulineaux et Meudon, c’est genre méga-chaud niveau criminalité organisée et trafics en bande... C’est important, les sirènes, parce qu’en bas de chez moi, à 23h30, y’a une circulation de folaïe (genre une voiture toutes les dix minutes). Malgré l’impression de guerre civile que cela produit forcément, c’est assez rigolo à regarder : si vous avez déjà pratiqué un jeu de course de bagnoles sur votre console, faire des dérapages contrôlés avec une Mégane, c’est assez sport.

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