Le Scarabée
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Petite chronique du fascisme ordinaire

par ARNO*
mise en ligne : 4 décembre 1998
 

Pendant un an, cette petite chronique a relevé dans la presse les dérives verbales et les agressions physiques représentatives de la violence fasciste en France. Son but n’était pas d’expliquer ou de commenter, mais simplement de prélever dans les journaux les brèves liées à la gangrène brune.

J’interromps cette énumération, car elle devient terriblement répétitive (hauts magistrats aux propos antisémites, crimes racistes, amalgames médiatiques, généralisation d’arguments xénophobes et démagogiques...). En un an, cette chronique n’a pas été exhaustive ; mais elle suffit déjà à donner la nausée.

Les évènements sont rapportés en fonction de leur passage dans les médias.

6 août 1998

Le journal National Hebdo, proche du Front national, demande l’organisation de « rafles » et de « camps de concentration » pour les sans-papiers, en vue de leur « expulsion immédiate ». Le directeur de l’hebdomadaire, Martin Peltier, préconise le retrait de la nationalité française pour ceux qui plaident pour la régularisation des clandestins, leur « bannissement » ou leur comparution devant la « Haute Cour », au motif que « la trahison, ça se punit ».

février 1998

Les évêques de France, au travers de l’association « Croyances et libertés », ont assigné
Volkswagen et l’agence publicitaire DDB, auteur de la la campagne sur la nouvelle Golf, devant le tribunal de grande instance de Paris. Le procès aura lieu le 25 février à 13H30.
La campagne d’affichage parodie plusieurs scènes inspirées des Evangiles, notamment la Cène. L’annonceur a déjà décidé la suspension de la campagne.

Bien que niant toute tentative de censure, les évêques réclament 3 MF de dommages et intérêts et la publication du jugement dans cinq quotidiens.

Créée en février 1997, l’association « Croyances et libertés » est l’arme dont s’est dotée l’Eglise de France pour poursuivre devant les tribunaux toutes les atteintes à la foi et aux institutions catholiques.
Elle est déjà responsable du retrait de l’affiche du film de Milos Forman « Larry Flynt », qui choquait les mouvements catholiques intégristes.

26 janvier 1998

L’association AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française), dirigée par Bernard Antony (membre du bureau politique du Front national et intégriste catholique), poursuit Hard-Rock Magazine pour avoir distribué avec son numéro de décembre 96 une compilation CD comprenant notamment les groupes Oneyed Jack et Eros Necropsique, accusés d’injures antifrançaises et d’envolées blasphématoires.

Verdict de la présidente de la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, Mme Ract-Madoux : un franc symbolique de dommages-intérêts pour les paroles d’Eros Necropsique (« Assassinons ce soir le grand inquisiteur/Qui au nom de l’amour tua les marginaux »), paroles qui selon elle, « dépassent le cadre admissible de l’exercice poétique provocateur ou de la dérision appliquée à des institutions ou des pratiques religieuses ».

Après s’être attaquée à des artistes (Marek Halter, Mocky, Godard...), à des journaux (VSD, Charlie Hebdo, etc.) et à des associations anti-racistes, l’association AGRIF voit donc son action de propagande frontiste soutenue par les tribunaux.

décembre 1997

Le RPR (Rassemblement Pour la République) lance une pétition intitulée « Pétition pour le refus du droit à immigrer ».

29 novembre 1997

Jugement des cinq jeunes adultes accusés du meurtre d’Idrissa Diarra, un Malien de 42 ans (deux mineurs avaient déjà été jugés par le tribunal pour enfants de Paris). En juillet 1994, après un concert au Gibus, près de la place de la République (Paris), le groupe avait décidé de « se payer un Noir ou un Arabe », « la racaille HLM », de faire « une ratonnade ». Rencontrant Idrissa Diarra, qui dormait sur un banc près du canal Saint-Martin, ils simulent un premier lancement à l’eau. Celui-ci explique qu’il ne sait pas nager. La seconde fois, l’homme est réellement jeté à l’eau... il y meurt noyé.

Douze ans de réclusion criminelle pour Chun Cheng, James Leclerc et Johann Tatard.
Trois ans de prison avec sursis pour Stéphane
Groise. Acquittement pour le dernier.

25 novembre 1997

Le gendarme qui avait tué d’une balle dans la nuque Franck Moret, un automobiliste fuyant un contrôle de gendarmerie, le 25 juillet 1993 dans la Drôme, a été relaxé par le tribunal correctionnel de Valence. Lors du procès, le 23 septembre, le procureur avait requis « une forte peine d’emprisonnement avec sursis » contre le gendarme Christian Grivet-Branco.

6 octobre 97

Deux jours après le concert de soutien (Noir Désir, Thugs, Miossec, Burning Heads, Massilia Sound System...) au café-musique Le Sous-Marin de Vitrolles, la municipalité Front national a fait murer la porte de l’établissement de l’intérieur et demonter l’enseigne. Un arrêté municipal en date du 3 octobre prononçait la fermeture pour « raison de sécurité » et résiliait la convention liant l’association culturelle à la municipalité.

Déjà, le 19 juin, la ville supprimait sa subvention de 200 000 francs. Depuis, Le Sous-Marin avait reçu le support du ministère de la Culture et du conseil général des Bouches-du-Rhône, qui prévoyaient de combler le trou créé par la suppression de la subvention municipale.

septembre 97

Jean-Pierre Lecoq, maire RPR du 6e arrondissement de Paris, signe l’édito de « Notre 6e », le mensuel municipal. Il y dénonce « Le gouvernement des minorités » (titre de son article) : « Dès la fin du mois de juin, les priorités du Gouvernement Jospin étaient connues : les homosexuels, les immigrés et les archéo-écologistes. En revanche, les familles et la Défense Nationale qui conditionnent la pérennité et l’identité de la nation française savent à quoi s’en tenir. Elles subiront la rigueur budgétaire et la moulinette fiscale de l’arrogante et péremptoire Martine Aubry. »

Plus loin : « Le gouvernement Jospin est aujourd’hui l’otage des associations et groupuscules trotskistes et gauchistes ou des élus écologistes et communistes sans lesquels il n’aurait pas la majorité. Après le fameux contrat d’union civile, dont certaines associations souhaiteraient qu’il permette aux couples homosexuels ou lesbiens d’adopter des enfants, la régularisation promise aux immigrés sans papiers démontre tout à la fois l’ingénuité et le machiavélisme de ce pouvoir. »

L’édito est complété par un nota bene édifiant de la part d’un élu républicain : « Participant à différentes manifestations des JMJ, j’ai pu mesurer le calme, la gentillesse et la droiture de cette jeunesse exemplaire. Quel contraste saisissant avec le défilé de l’EUROPRIDE, à la tête duquel plusieurs Ministres s’étaient affichés... »

septembre 97

Le journal « Charlie Hebdo » affirme que 15000 femmes handicapées vivant actuellement dans des institutions spécialisées en France ont été stérilisées de force, en toute illégalité.

Nicole Diederich, auteur de « Les naufragés de l’intelligence » (éd. Syros, 1990), indique (au sujet de ces stérilisations forcées) : « Aujourd’hui, même le Comité national d’éthique le reconnaît. D’ailleurs, cette pratique est devenue plus fréquente au cours des vingt dernières années [...] Les institutions spécialisées ou les parents [sont responsables]. Ce sont eux qui demandent à faire stériliser les filles, en déclarant qu’elles sont incapables d’élever des enfants. Or il s’agit souvent de jeunes femmes qui ont simplement des problèmes sociaux ou affectifs ayant entraîné un échec scolaire. Je connais même le cas d’une adolescente qui a été stérilisée après avoir été violée par son père. Une autre a été stérilisée à la demande de sa mère, alors qu’elle était simplement sourde et muette ».

septembre 1997

Le journal le « Réverbère », vendu dans la rue par les SDF, reproduit dans son numéro 115 un texte inspiré d’un tract publié par « La Vieille Taupe », librairie négationniste. Il s’agit d’une défense de Brigitte Bardot, « traînée devant les tribunaux ». Y sont évoqués le « lobby sioniste », le « triomphe de l’inquisition judaïque » ou encore la « Pax Judaica qui doit régner sur le monde entier ».

Le « Canard enchaîné » rappelle qu’il ne s’agit pas d’un dérapage isolé, mais que le « Réverbère » est coutumier du fait. En novembre 93, on pouvait y lire : « Les Français désertent l’Algérie. En signe de représaille, pourquoi les Algériens ne déserteraient pas la France ? ». En mars 96 : « Où est l’indépendance de la justice ? Il serait intéressant de savoir quel est le pourcentage d’implication des maçons et des Juifs directement dans la politique ».

Le « Canard » voit dans la répétition de ce genre de propos une entreprise délibérée.

août 1997

[Note du Réseau Voltaire] L’association « Promouvoir » a adressé une lettre à chaque député pour le sommer de s’opposer au vote de la
proposition de loi de « Contrat d’union civile » annoncée par le garde des Sceaux, Élisabeth Guigou. Cette lettre
s’accompagnait d’une note intitulée « Europride : un danger particulièrement grave », amalgamant pédophilie et
homosexualité.

[Fondée en août 1996 à Carpentras, cette association a pour buts « la promotion des valeurs judéo-chrétiennes
dans la vie sociale », ce qui comprend explicitement, d’après ses statuts, la lutte contre l’homosexualité et la
pornographie. Elle est présidée par André Bonnet.]

mai 1997

Directrice de la salle municipale « Les lumières » de Vitrolles, Régine Juin avait programmé une série de 10 courts-métrages intitulée « L’Amour est à réinventer, dix histoires d’amour au temps du sida ». Thèmes abordés : le sida, la séropositivité, l’homosexualité.

La mairie de Catherine Mégret exige l’annulation des projections. Mme Juin refuse de déprogrammer.

Depuis, Régine Juin a été licenciée pour « refus d’obtempérer ». Le film (bénéficiant d’un visa d’exploitation « tous publics » à l’exception d’un des courts métrages, interdit aux moins de douze ans) était pourtant déjà passé sur Arte, Canal + et dans 48 villes.

10 février 1996

Robert Pandraud, député RPR de Seine-Saint-Denis, déclarait lors de la 6ème convention nationale du Mouvement Initiative et Liberté :

« En deux septennats, la France est devenue un chaudron de races, de cultures, de religions, de générations variées et diverses. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Les Français, privés de repères, ne se sentent plus chez eux : ils ont perdu leurs marques. »

[...]

« L’identité franco-française est en train de s’effilocher au gré des vagues démesurées d’immigration. »

Toujours au sujet de cette « identité franco-française », il utilise également la formule : « socle franco-gaulois » et semble ne pas apprécier les « enseignants encore imbibés d’une mentalité soixante-huitarde ».

Ou encore : « Cette attitude frileuse ou veule, l’indifférence gênée qu’on peut observer chez nos compatriotes quand quelqu’un d’autre est agressé s’apparentent tout de même à un certain avachissement de notre race. »

Fort de ces principes, Robert Pandraud, élu grâce au soutien officiel du FN, dînait fin juin 1997 avec Jean-Marie Le Pen. « Je n’ai jamais été partisan d’une alliance avec le Front national », expliquait-il le lendemain.

30 mai 1997

Vers 10h30, Jean-Marie Le Pen, venu soutenir sa fille Marie-Caroline à Mantes-la-Jolie (huitième circonscription des Yvelines), se heurte à des opposants au Front national. Bondissant de sa voiture, il agresse Annette Peulvas-Bergeal (candidate socialiste). Il la pousse contre un mur et tente de lui arracher son bandeau tricolore. Deux policiers des renseignements généraux s’interposent pour protéger l’élue. Choquée, celle-ci est évacuée : le médecin diagnostique des coups au thorax, plusieurs dizaines de griffures sur la poitrine et une blessure à la jambe (3 jours d’arrêt de travail).

Toujours entouré de son service d’ordre (le DPS - département protection sécurité), Jean-Marie Le Pen remonte l’une des principales rues de la ville. Malgré l’intervention de policiers casqués, quelques affrontements entre membres du FN et opposants ont encore lieu.

Le Front national s’estime agressé et porte plainte contre le sous-préfet de Mantes-la-Jolie, lui reprochant de confirmer la version des faits de la candidate socialiste. Celle-ci a pour sa part porté plainte contre Jean-Marie Le Pen pour « violences volontaires ».

mai 1997

Le candidat UDF Max Guyon (pour la septième circonscription de Seine-Saint-Denis) propose sur ses tracts : des « instructeurs de l’armée dans les lycées à problèmes », « la castration définitive, chirurgicale des violeurs et assassins d’enfants », « des brigades civiles pour le contrôle de la population délinquante ».

mai 1997

Le Front national présente son candidat dans une circonscription de Marseille pour les élections législatives : Jean-Jacques Susini. L’homme fut condamné deux fois à mort par contumace : une première fois pour son action politique à la tête de l’OAS, puis pour sa participation à l’attentat qui faillit coûter la vie au général de Gaulle, au Mémorial du mont Faron, à Toulon, en 1964.

Il fut trois fois amnistié (de ces deux condamnations et d’une accusation d’enlèvement et d’assassinat).

avril 1997

Jean-Marie Le Pen déclare au journal américain New Yorker : « Les chambres à gaz n’ont rien à voir avec l’antisémistisme. [...] [C’est] un détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondial. ». Il ajoute : « Si vous prenez un livre de mille pages sur la Deuxième Guerre mondiale, vous aurez quatre pages sur la déportation et, dans ces quatre pages, six lignes sur les chambres à gaz ».

avril 1997

Vincent Reynouard, professeur de mathématiques à Honfleur (Calvados), âgé de 27 ans, a été révoqué par le ministre de l’Education nationale. Il avait, à titre provisoire, été suspendu par le rectorat dès le 20 décembre. Il lui est reproché d’avoir stocké des documents niant l’holocauste juif dans l’ordinateur de l’établissement.

15 avril 1997

Deux responsables lyonnais du Front national, Denis de Bouteiller, secrétaire de la fédération du Rhône, conseiller régional, et Philippe Dumez, conseiller municipal de Lyon, sont condamnés à trois mois de prison avec sursis, à 5000 francs d’amende et à l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant un an.

En novembre 1996, un commando d’une trentaine de membres du Front national avaient violemment interrompu une représentation de théatre, Oncle Vania, où Michel Noir, ancien maire de Lyon, interprétait un rôle.

Trois autres militants du FN, dont une institutrice, Liliane Boury, ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis et 2000 francs d’amende, en plus du franc symbolique.

Le président du tribunal, Georges Cathelin, estime que « les libertés d’expression, du travail, d’association, de réunion et de manifestation, régulièrement malmenées, doivent être protégées dans une démocratie qui se fragilise en ce siècle finissant ». Il ajoute : « il n’est pas acceptable que des élus du Front national, qui se veut un parti respectable, portent une telle atteinte à une liberté fondamentale, et cela dans un action de commando ».

30 mars 1997

Claude Jaffrès, 55 ans, conseiller régional FN d’Auvergne, et 3 membres de la direction protection et sécurité (DPS, le service-d’ordre/milice du FN), sont poursuivis pour « arrestation illégale et usurpation de fonction d’officier de police judiciaire ».

En effet, dans la nuit de samedi à dimanche, sur le parking de l’hôtel Village à Ostwald (à 10 km de Strasbourg), ils ont arrêté, plaqué contre leur voiture et fouillé deux jeunes, en se faisant passer pour des policiers.

29 mars 1997

A la tribune du congrès du Front national à Strasbourg, Roger Holeindre, président du Centre national des combattants (ancien para, nommé par Le Pen vice-président du FN), à propos des manifestants anti-FN : « Nous sommes contre ces voyous-là et nous les mettrons au pas si demain nous avons le pouvoir [...]. Demain, ils auront à pleurer des larmes de sang ».

février 1997

Diffusion d’un tract du syndicat SOLIDARITE POLICE, intitulé « Rétablir la peine de mort ».

On peut y lire : « L’abolition de la peine de mort n’a profité qu’aux tueurs, alors, devant cette évidence, qu’attendons-nous pour la rétablir ?
Pourquoi avoir aboli la peine capitale contre la volonté populaire ? Ce favoritisme au bénéfice du mal absolu est immoral et anti-démocratique. »

Ou encore : « L’abolition de la peine de mort a provoqué une augmentation plus qu’inquiétante des crimes et ceux qui prétendent le contraire sont des imbéciles ou des menteurs, ou les deux à la fois. »

On appréciera : « Laisser le crime impuni est une méthode terroriste employée contre ceux qui veulent résister à l’oppression et à l’injustice. Les seuls bons bandits sont les bandits morts. Pour nous, les femmes et les hommes dignes de ce nom sont les honnêtes gens. »

1er mars 1997

Commando anti-IVG organisé par SOS Tout-petits à la clinique Isis du XIIIe arrondissement à Paris. A la tête du commando, Xavier Dor.

Ces activistes anti-IVG, proches du FN, annoncent un chiffre de 2 milliards d’enfants tués chaque année en France (aux 160000 avortements officiels, ils ajoutent les « victimes » de la pilule et du stérilet) : « Un minimum. Hitler et Staline, ce n’est rien à côté ».

Slogan crié lors du commando : « Criminelles, tueuses ! Allez avorter toutes ensemble. Vous savez ce que tuer signifie. A Nuremberg, ils n’ont pas fait pire que vous ! ».

20 février 1997

Un tract distribué au cours d’un meeting du FN menace de mort Mouloud Aounit, secrétaire général du MRAP. Tract diffusé également à l’université de Paris-VIII et à la librairie révisionniste l’AEncre, et qui circule sur le Net.

[complément d’information, ajouté le 25 avril 1997] Les mots exacts du tract du Comité Franco-Islamique de Libération (disponible sur l’Internet) sont : « Qu’Allah réserve aux musulmans qui le trahissent, et se soumettent à ceux qui s’opposent à Lui, tel Mouloud
Aounit, président du Mrap, et à ceux qui usurpent la défense de l’Islam, le sort des moutons à l’Aid ».

12 mars 1997

Suite à une manifestation à Marseille contre le Front national, qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, onze jeunes ont comparu devant le tribunal correctionnel, pour violences à agents de la force publique.

Les organisateurs de la manifestation estiment que la police, qui a « utilisé des grenades à tir tendu, sans sommation ni négociation » et frappé « certains manifestants, en particulier des jeunes », est responsable des incidents.

Un photographe de Gamma, Gilles Fonlupt, a été blessé et ses appareils volontairement détruits ; il affirme que ce sont les BAC (brigades anti-criminalité) qui l’ont agressé. Il a annoncé son intention de porter plainte.

12 mars 1997

Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié des peuples (MRAP) poursuit l’animateur Patrick Sébastien pour « injures publiques », suite à des propos tenus dans l’hebdomadaire Info-Magazine de Haute-Vienne, propos affirmant que « des associations comme le MRAP sont aussi dangereuses que le FN », ou encore : « Ce sont des extrémistes, des gens qui prônent la haine. C’est grave ».

8 mars 1997

Des militants du Front national Jeunesse (FNJ) ont provoqué des incidents au lycée Antonin-Artaud à Marseille. Le proviseur porte plainte : « Une vingtaine de jeunes du FN s’étaient regroupés devant les grilles du lycée et criaient des slogans méprisants à l’adresse des élèves. Certains d’entre eux faisaient le salut hitlérien. »

15 mars 1997

Entrée en vigueur d’un arrêté municipal antimendicité à Béziers (Hérault) interdisant les « occupations abusives et prolongées des rues, accompagnées ou non de sollicitation ou quête à l’égard des passants » quand elles entravent la « libre circulation » ou portent atteinte au « bon ordre » public. [Au passage, on connaissait déjà la notion d’« ordre public », il faudra désormais compter avec le « bon ordre » public.]

10 mars 1997

La première chambre civile du tribunal d’Evry (Essonne) interdit le Front National de la Police (FNP), syndicat émanant du front national au motifs que le FNP « ne peut se prévaloir de la qualité de syndicat professionnel ». Le tribunal a souligné un article des statuts du FNP qui indique que le président doit être informé de l’appartenance des adhérents à un parti. Il estime que ce syndicat « légitime, suscite ou encourage des distinctions fondées sur la race » et l’origine ethnique.

28 février 1997

La cour d’appel de Paris a annulé un jugement de 1995 qui avait interdit à Jean-Marc Fournier d’Albertville (Savoie) de vendre des objets rappelant le nazisme (insignes, uniformes, médailles...) dans son catalogue JMF Militaria. La loi n’interdit pas explicitement de tels objets, et le tribunal affirme ainsi qu’ils ne sont pas liés à une idéologie.

6 février 1997

Contrairement aux affirmations des Ministres de l’Intérieur et de la Santé (selon lesquelles la France n’expulsait pas les grands malades), Ali, vivant en France depuis 23 ans et soigné à Chambéry depuis 13 ans, a été expulsé vers le Tunisie alors qu’il est malade du Sida.

Il se rend à un stage d’alphabétisation à Bourgoin-Jallieu (Isère) lorsque quatre policiers l’interpellent... menottes dans le dos, pieds entravés et sparadrap sur la bouche. Le Ministre de l’Intérieur exhibera plus tard un procès-verbal où Ali affirme vouloir retourner en Tunisie ; pourtant Ali ne sait ni lire ni écrire...

Alors que son état était stationnaire en France grace à la trithérapie, son expulsion le condamne certainement : l’interruption du traitement (non disponible en Tunisie) réactive en effet le virus.

21 février 1997

A Garges-les-Gonesse (Val-d’Oise), un militant communiste est arrêté avec sa compagne après avoir accroché une borne. Menotté et frappé par les policiers, il crie : « Ce que vous faites, c’est digne du FN ». Il lui est répondu : « Justement, nous sommes du FN ! ». Il réplique alors qu’il est militant communiste, et est roué de coups.

A 3h30 du matin, le couple est emmené à l’hôpital de Gonesse, on pose à l’homme des points de suture, puis tous deux sont ramenés au commissariat.

Les violences reprennent : « La plupart des policiers qui passaient devant moi me décrochaient des coups de pied ou de poing. Il y en a qui s’amusaient à m’écraser les mains. Quelqu’un a lancé "ça tombe bien, je suis tout frais, je prends la relève". Ils m’ont traîné en cellule, m’ont retiré les menottes des pieds pour me mettre à poil, m’ont menacé de m’enculer. Ils étaient très content d’eux ».

La calvaire prend fin à 7 heures, avec l’arrivée de l’équipe de jour. Pour l’homme, ses contusions lui valent 15 jours d’arrêt de travail, et 12 pour sa compagne.

2 mars 1997

Les catholiques intégristes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet se sont réunis a Paris. L’abbé Laguerrie a prédit l’écroulement des Eglises de France, « à moins qu’on veuille un jour en faire des mosquées ».

On y a vu cette caricature : l’abbé Pierre en élève, Mgr Lustiger lui indique sa punition : « Vous me le copiez six millions de fois ! », lui montrant le texte écrit au tableau : « Le diktat de Nuremberg ne contesteras ! ».

2 mars 1997

Cité dans un livre (le Roman d’un président) à paraître le 10 mars, Jean-Marie Le Pen déclare : « Chirac est "tenu" ! Par qui ? Par des organisations juives, notamment le fameux Bnai Brith. En accord avec elles, en échange d’énormes sommes d’argent, d’appuis internationaux exceptionnels, il a accepté de perdre l’élection présidentielle de 1988 plutôt que de s’entendre avec moi ».

Il poursuit : « Longtemps, j’ai cru qu’il fallait voir dans cette haine à mon encontre l’influence de son ami d’enfance Jacques Friedmann, un juif très juif. Ce type, Friedmann, éprouve une véritable répulsion physique contre mes amis et moi-même. Ensuite, j’ai cru que Michèle Barzach, son amie juive, le montait contre nous. Et bien non. Il y a plus. Un vrai pacte avec ces organisations juives, in fine, lui a réussi : le voilà président ».

Plus loin il ajoute : « Ainsi, Chirac respecte la promesse faite au Bnai Brith et à toutes les autres organisations juives : ne pas remettre en cause le partage du gâteau instauré à la Libération. Les partis issus de la Résistance se sont offert le pays. L’alternance n’est possible qu’entre eux ».

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